Chartreuse de Villeneuve-les-Avignon (Gard)
Quelques jours après son élection au pontificat, le 18 décembre 1352, Innocent VI envoie quérir des frères à la Grande Chartreuse, en vue de transformer sa livrée cardinalice de Villeneuve-lès-Avignon en monastère cartusien. Plus tard, les cardinaux Ardouin Aubert et Pierre de Monteruc, neveux du pontife (Innocent VI), veulent, comme lui, être enterrés dans l’église de la chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, qui devient alors la nouvelle nécropole des Aubert. Ils la dotent somptueusement.
Considéré par les chartreux comme le deuxième fondateur de leur monastère, Pierre de Monteruc double le nombre des pères qui passe de 12 à 24, ce qu’autorise Grégoire XI, le 3 janvier 1372. Il faut alors construire de nouvelles cellules regroupées autour d’un deuxième grand cloître. Pour cela, on transforme les bâtiments occidentaux de l’ancienne livrée, en partie détruite par un incendie en 1365.
Considéré par les chartreux comme le deuxième fondateur de leur monastère, Pierre de Monteruc double le nombre des pères qui passe de 12 à 24, ce qu’autorise Grégoire XI, le 3 janvier 1372. Il faut alors construire de nouvelles cellules regroupées autour d’un deuxième grand cloître. Pour cela, on transforme les bâtiments occidentaux de l’ancienne livrée, en partie détruite par un incendie en 1365.
On appelle cette partie de la chartreuse le cloître supérieur. En effet, la construction ne se développe pas dans le fond de la vallée mais sur une faible hauteur, réputée pour la pureté de l’air. C’est pourquoi on prend l’habitude d’y loger les malades et ceux qui ont quelque difficulté à supporter les rigueurs de la règle. Mais avant de faire appel au frère apothicaire, ou de se résoudre à faire venir un médecin extérieur, on utilise « le remède de la prière », la maladie étant considérée comme envoyée par Dieu en réparation des fautes, ou on impose du repos en dispensant des Matines.
En 1380, Charles V met les religieux sous sa sauvegarde, ce que confirment tous ses successeurs. Aussi, dès le XIVe siècle, le monastère a de nombreux et importants revenus fonciers, qui lui assurent une grande prospérité matérielle. Les chartreux l’utilisent pour de nouvelles constructions mais aussi afin d’atténuer le dénuement de ceux qui se présentent à leurs portes.
En 1380, Charles V met les religieux sous sa sauvegarde, ce que confirment tous ses successeurs. Aussi, dès le XIVe siècle, le monastère a de nombreux et importants revenus fonciers, qui lui assurent une grande prospérité matérielle. Les chartreux l’utilisent pour de nouvelles constructions mais aussi afin d’atténuer le dénuement de ceux qui se présentent à leurs portes.
La transformation de la livrée d’Etienne Aubert en chartreuse de 1353 à juin 1356 avait été financée sur la cassette personnelle du pape. Celui-ci, aussi fastueux qui puissant, orna somptueusement sa chapelle. Son tombeau, dentelle de sculptures, heurtait les traditions de rusticité de l’Ordre mais face à la volonté du chef de l’Eglise, les chartreux durent laisser faire. Pour eux, l’œuvre d’art n’était pas un ornement mais le support de leur prière. Cependant, la fréquentation quotidienne de la beauté matérielle ébranla le regard des pères, au point que cette dernière devint nécessaire. Le Val de Bénédiction inaugure donc une nouvelle période pour l’Ordre tout entier : désormais le décor s’adresse davantage aux sens. Au XVIe siècle, les chartreux parent la maison de Dieu, pour qui rien ne peut être trop beau. L’église, les chapelles, le réfectoire, le chapitre, c’est-à-dire les lieux où s’exerce la vie en communauté, se couvrent de tableaux de peintres de grand renom.
Au XVIIe siècle, Philippe de Champaigne, Nicolas Mignard et Reynaud Levieux reçoivent des commandes. Une partie des revenus des fermes constituées sur les terres de l’ancien étang de Pujaut est affectée à l’ornementation de la chartreuse, au point que l’inventaire dressé en 1791 donne l’impression d’un véritable musée.
Au XVIIe siècle, Philippe de Champaigne, Nicolas Mignard et Reynaud Levieux reçoivent des commandes. Une partie des revenus des fermes constituées sur les terres de l’ancien étang de Pujaut est affectée à l’ornementation de la chartreuse, au point que l’inventaire dressé en 1791 donne l’impression d’un véritable musée.
Le cadre de la vie érémitique reste cependant immuable, fidèle à l’esprit des Coutumes. La cellule devient l’ultime, mais irréductible, refuge du désert cartusien : la vie continue à s’y exercer avec sa régularité originelle. L’Ordre a su s’adapter sans se déformer.
En 1760, 80 personnes vivent à la chartreuse, pères de chœur, frères et domestiques. Le 13 février 1790, les ordres religieux sont supprimés ; à Villeneuve-lès-Avignon, on commence l’inventaire des biens le 7 janvier 1791. Les chartreux peuvent rester jusqu’à la fin de l’année suivante ; ils doivent alors se disperser. La vente des bâtiments, le 17 mars 1793, consomme la rupture. Ecartelée en 17 lots à la Révolution, la chartreuse devient carrière de pierres, grange, maison d’habitation ou place publique mal famée. Au terme de près d’un siècle de rénovation, le Val de Bénédiction a retrouvé sa dignité d’antan.
En 1760, 80 personnes vivent à la chartreuse, pères de chœur, frères et domestiques. Le 13 février 1790, les ordres religieux sont supprimés ; à Villeneuve-lès-Avignon, on commence l’inventaire des biens le 7 janvier 1791. Les chartreux peuvent rester jusqu’à la fin de l’année suivante ; ils doivent alors se disperser. La vente des bâtiments, le 17 mars 1793, consomme la rupture. Ecartelée en 17 lots à la Révolution, la chartreuse devient carrière de pierres, grange, maison d’habitation ou place publique mal famée. Au terme de près d’un siècle de rénovation, le Val de Bénédiction a retrouvé sa dignité d’antan.
La bibliothèque des chartreux
Pour les chartreux « nos livres sont nos délices et nos richesses en temps de paix, nos armes offensives et défensives en temps de guerre, notre nourriture dans la faim, notre médecine dans la maladie ». l’étude des textes sacrés était la première étape qui conduisait l’homme vers Dieu. C’est la lecture divine. De plus, en copiant les livres, les religieux faisaient une œuvre d’apostolat : « Nous espérons du Seigneur une récompense pour tous ceux qui, par ces livres, auront été retirés de l’erreur. »
Dès 1356 le pape Innocent VI donne à sa fondation 57 manuscrits, vite rejoints par d’autres ouvrages montrant l’éclectisme des religieux : bibles, psautiers, recueils de prières mais aussi des manuscrits hébreux dont une Torah écrite, disait-on, du temps de saint Jérôme sur peau humaine, des ouvrages profanes comme le Roman de la Rose. L’imprimerie ne ruina pas cette activité de copiste. La bibliothèque comptait 8500 livres en 1791.
Les ouvrages prohibés étaient regroupés dans une pièce à part, fermée à clef. Furent interdites les œuvres de Luther et d’Erasme dès 1538, celles des jansénistes en 1710. On se méfia aussi du « poison des livres de Voltaire » et des encyclopédistes.
Dès 1356 le pape Innocent VI donne à sa fondation 57 manuscrits, vite rejoints par d’autres ouvrages montrant l’éclectisme des religieux : bibles, psautiers, recueils de prières mais aussi des manuscrits hébreux dont une Torah écrite, disait-on, du temps de saint Jérôme sur peau humaine, des ouvrages profanes comme le Roman de la Rose. L’imprimerie ne ruina pas cette activité de copiste. La bibliothèque comptait 8500 livres en 1791.
Les ouvrages prohibés étaient regroupés dans une pièce à part, fermée à clef. Furent interdites les œuvres de Luther et d’Erasme dès 1538, celles des jansénistes en 1710. On se méfia aussi du « poison des livres de Voltaire » et des encyclopédistes.