Abbaye de Cadouin
(Dordogne)
Fondée en 1115 pour quelques ermites, disciples de Géraud de Salles, l’abbaye de Cadouin passe très vite à l’ordre de Cîteaux, filiation de Pontigny, en 1119. L’abbaye se rend peu à peu célèbre par le fait que l’évêque du Puy lui a offert ce que tout le monde croit être le suaire qui a entouré la tête du Christ.
Après une première période de prospérité aux XIIe et XIIIe siècles, le malheur arrive avec la guerre de Cent ans (1337-1453) et Cadouin est à deux doigts de disparaitre. Le traité de Brétigny (1360) abandonne la Guyenne, le Périgord et le Quercy aux Anglais. A Cadouin, les moines quittent le monastère pour aller mendier jusqu’à ce que, sous Charles V, Duguesclin reconquière le pays. La vie renait un peu. Mais, sous Charles VI, le roi fou, les Caduniens décident de mettre en lieu sur le Saint-Suaire à Toulouse, la ville du roi de France. Il y demeurera plus d’un demi-siècle (1392-1455). Azincourt, en 1405, achève la décomposition nationale et l’abbaye de Cadouin tombe en ruines.
L’aventure de Jeanne d’Arc et la victoire des troupes françaises à Castillon en 1453 mettent fin à plus d’un siècle de guerre. L’abbaye de Cadouin, où il ne restait plus que le prieur et deux moines, va pouvoir revivre. De la victoire de Castillon aux premiers temps du règne de François Ier (deuxième moitié du XVe et début du XVIesiècles), c’est une extraordinaire période de prospérité. On peut enfin rebâtir et planter. Les bâtiments sont restaurés, le cloître est rebâti et décoré.
Avec les guerres de Religion (1562-1598) qui ensanglantent la région, Cadouin tombe aux mains des protestants. Le cloître est mutilé par les soldats mais l’abbaye est sauvée de justesse par l’un d’eux.
La vie monastique va se ranimer peu à peu au XVIIesiècle, se maintenir malgré les révoltes des Croquants, la Fronde et les abbés de commende plus souvent à Paris que sur place. La vie pastorale, en 1643, de Mgr Jean de Lingendes, nouvel évêque de Sarlat, représente un sursaut pour Cadouin. Il confirme l’authenticité du suaire et ranime les énergies. Les bâtiments sont agrandis et embellis.
Quand survient la Révolution, il ne demeure plus que six moines dans le monastère. Les bâtiments sont vendus. Le cloître, transformé en porcherie, est acheté par le département en 1836. Les travaux de restauration commencent en 1892 et se terminent vers 1945. En 1934, le suaire est officiellement reconnu comme un faux, après expertise, mettant fin brutalement aux pèlerinages.