Abbaye de Ligugé (Vienne)
Il s’agit de la plus ancienne abbaye connue de la Gaule, fondée au IVe siècle par Saint-Martin. C’est en 361 que ce dernier s’installe à Ligugé dans les communs d’une villa gallo-romaine en ruine. Il y restera 10 ans avant d’être nommé évêque de Tours en 370. Peu après la mort de Saint-Martin, en 397, est construit à Ligugé un vaste demi-cercle de 32 m de diamètre révélant le culte local à Saint-Martin sur les lieux de sa retraite. Saint-Grégoire de Tours, successeur de Saint-Martin sur le siège épiscopal de Tours, vient en pèlerinage à Ligugé en 591. A la fin du VIIe siècle, un sou d’or frappé à Ligugé atteste que le monastère jouissait alors du droit de monnayage et révèle de déclin du pouvoir de l’Etat. |
De 700 à l’an 1000, le monastère de Ligugé ne laisse
aucune trace dans l’histoire. Les guerres de Charles Martel et de Pépin l’ont-elle ruiné ? Ou le passage des arabes ? ou les premiers carolingiens ont-ils donné les terres du monastère à leurs fidèles ? Vers 998, pour racheter une vie galante et intrigante, Amaude (fille du comte de Gévaudan et de la comtesse de Provence) restaure le monastère de Ligugé. En 1268, Alphonse de Poitiers, frère de Saint-Louis, accorde le droit de haute et basse justice au prieuré de Ligugé. Le roi Philippe III le Hardi confirme cette concession perpétuelle en 1275. En 1307, le monastère devient la résidence champêtre du pape Boniface VIII pendant son séjour à Poitiers. En 1310, le pape Clément V publie une bulle d’indulgence pour la construction de l’église du monastère. |
Après la bataille de Nouaillé-Maupertuis, en 1356, les habitants de Ligugé mettent le feu aux bâtiments pour les rendre inutilisables aux Anglais. Un prieur commendataire est nommé à Ligugé en 1504 : Geoffroy d’Estissac. En 1508, il est promu par François Ier évêque de Maillezais. Il y prend pour secrétaire Rabelais, qui séjourne à Ligugé et le promène dans la région vantée dans une poésie par son ami Jean Bouchet. Ver 1520, la communauté des moines s’éteint et des chapelains assurent les offices moyennant une pension. |
Le dernier prieur commendataire, Gaspard Lefranc, résigne son prieuré de Ligugé en 1606 en faveur du collège que les jésuites ont fondé à Poitiers l’année précédente. En 1607, Henri IV autorise et Paul V confirme cette union du prieuré de Ligugé et du collège des jésuites. En 1615, Marie de Médicis, de passage à Poitiers, confirme par lettres patentes le brevet d’Henri IV. Le monastère sert de maison de campagne aux professeurs et aux élèves. Les jésuites perçoivent les bénéfices et font assurer l’office par les choristes. |
En 1761, le Parlement de Paris ordonne la fermeture des collèges de la Compagnie et la dispersion des jésuites. Ceux-ci doivent alors abandonner Ligugé. Le prieuré devient un bénéfice vacant géré par l’administration royale.
En 1793, le prieuré est vendu comme bien national et acheté 107900 livres par l’aubergiste du « Lion d’Or » à Poitiers. Le 1er mars 1852, grâce à un don important, Monseigneur Pie, évêque de Poitiers, acquiert le prieuré et le jardin (du petit-fils de l’acquéreur de 1793). Dom Guéranger envoie quatre moines de Solesmes et, en 1856, Pie IX restaure le titre abbatial. Dom Guéranger nomme le prieur abbé, dom Léon Bastide, en 1864.
En 1793, le prieuré est vendu comme bien national et acheté 107900 livres par l’aubergiste du « Lion d’Or » à Poitiers. Le 1er mars 1852, grâce à un don important, Monseigneur Pie, évêque de Poitiers, acquiert le prieuré et le jardin (du petit-fils de l’acquéreur de 1793). Dom Guéranger envoie quatre moines de Solesmes et, en 1856, Pie IX restaure le titre abbatial. Dom Guéranger nomme le prieur abbé, dom Léon Bastide, en 1864.