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Abbaye de Port-Royal-des-Champs (Yvelines)

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Trois pôles indépendants mais complémentaires s’étagèrent sur le site : au bord du Rhodon, dans un lieu marécageux (dit Porrois), une abbaye de femmes fondée au début du XIIIe siècle ; sur le plateau, un pensionnat-école de garçons, construit au milieu du XVIIe siècle, près du logement des Messieurs retirés là pour se consacrer à l’écriture, à la méditation, à la traduction de textes anciens ; à côté enfin, une ferme si importante qu’elle a conféré à l’endroit l’appellation de Granges. Port-Royal-des-Champs est donc à la fois un lieu de prière, de réflexion intellectuelle et de travail manuel.

En 1204, Mathilde de Garlande, épouse du seigneur de Marly parti à la croisade, et Eudes de Sully, évêque de Paris, fondent un monastère de femmes. En 1208, année de l’achèvement, arrivent les religieuses venant de Saint-Antoine de Paris. En 1215, Porrois est érigé en abbaye et entre dans l’ordre de Cîteaux, sous l’autorité des Vaux-de-Cernay. L’année suivante, l’appellation de Port-Royal apparaît. L’église est achevée en 1229.

 

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Aux siècles suivants, la prospérité décline, surtout pendant la guerre de Cent Ans, tandis que le respect de la discipline s’estompe. En 1476, l’abbesse est déposée de sa charge, excommuniée et emprisonnée.

Vers 1600, l’abbé de Cîteaux, un ami de la famille Arnauld, suscite la nomination de Jacqueline Arnaud, âgée de 8 ans, comme coadjutrice de l’abbesse de Port-Royal. Formée à Maubuisson, où elle reçoit l’habit religieux et le nom d’Angélique, elle retourne à Port-Royal dont elle devient abbesse en 1602. Sept ans plus tard, elle entreprend la réforme de sa maison en imposant le retour à saint Benoît : pauvreté, silence, prière régulière et clôture. L’effectif de la communauté croît immédiatement et nombre de religieuses sont appelées pour réformer certaines abbayes cisterciennes où la discipline s’est altérée.

 

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Le rayonnement spirituel de Port-Royal augmente encore lorsque Mère Angélique passe en 1633 sous l’influence de l’abbé de Saint Cyran, qui a approfondi avec Cornélius Jansen la doctrine de saint Augustin sur la grâce et la prédestination. Grand foyer de renouveau catholique, Port-Royal devient alors un lieu suspect aux autorités ecclésiastiques et civiles.

Les religieuses sont expulsées en 1709, l’abbaye est rasée en 1711 sur ordre de Louis XIV. En 1791, les restes de l’abbaye, les terres et la ferme sont vendus en lots séparés comme biens nationaux. Le site est classé en 1941. Le plateau des Granges est racheté par l’Etat qui ouvre, en 1952, un musée dans les Petites Ecoles. Les bâtiments de la ferme deviennent à leur tour propriété publique en 1984.

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