Abbaye de l'Étoile
(Vienne)
Vers 1117, des ermites se groupent dans le vallon boisé de Font-à-Chaux, autour de l’abbé bénédictin Isembaud. Celui-ci est le frère de Pierre de l’Etoile en l’honneur de qui le nouveau monastère est organisé en 1124. Très vite le domaine abbatial s’accroit des largesses des seigneurs du voisinage, en particulier des barons de Chauvigny. L’abbaye de Saint-Savin elle-même apporte son aide. |
L’abbaye devient cistercienne en 1145, affiliée à Pontigny d’où viendront les religieux chargés de former les frères aux usages cisterciens. Jusqu’au milieu du XIIIe siècle, un mouvement continu de sympathie pousse de généreux donateurs à gratifier l’abbaye de terres, parfois éloignées. On crée alors des granges confiées aux moines convers dont le nombre, jusqu’à la fin du XIIIe siècle, sera deux fois plus élevé que celui des moines de chœur. On doit à leur labeur le défrichement des terres, la création de l’étang qui sert de vivier, et la plupart des constructions dans l’enclos monastique comme dans les dépendances de l’abbaye. Née pauvre, l’Etoile parvient à une solide prospérité temporelle au bout d’un siècle d’existence. De cette heureuse époque datent l’église et les principaux bâtiments conventuels.
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Malheureusement, les revenus s’effondrent et la vie conventuelle se désorganise pendant la guerre de Cent ans. Le monastère est alors à tous points de vue en détresse. Les grands travaux entrepris au lendemain de la guerre de Cent ans laissent supposer d’importantes destructions. En effet, le calme revenu, l’abbé Dom Jean Choppelin fait subir aux bâtiments conventuels et à la ferme adjacente de durables transformations.
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Le régime de la commende s’applique vraiment à l’Etoile à partir de 1520, avec la nomination de Jean de Couhé. L’abbé commendataire, choisi par le roi hors de la communauté, se contente de faire gérer les biens de l’abbaye au mieux de son intérêt personnel et abandonne la direction spirituelle des moines au prieur. Ce système désastreux ne durera qu’un siècle à l’Etoile, le temps cependant de vider presque entièrement le monastère. Dans le même temps, l’abbaye subit des destructions lors des guerres de religion.
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A l’aube du XVIIe siècle, l’Etoile parait condamnée à disparaître. Il ne reste qu’un seul moine. Mais en 1621, avec l’abbé Dom Jérôme Petit, l’Etoile devient l’un des berceaux de la réforme de l’Etroite Observance, dont les trappistes d’aujourd’hui sont les héritiers. C’est aussi le temps de nouvelles reconstructions. |
Une modeste et fervente communauté, dirigée par un abbé régulier se maintient jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Ensuite, l’abbaye est désertée. L’abbé Dom Joseph Dreux, finit par se retrouver seul et incroyablement endetté jusqu’à se jeter dans le puits du cloître. Scandalisé par ce suicide, Louis XV remet l’Etoile sous le régime de la commende. En 1789, il ne reste qu’un seul moine assisté d’un domestique. Désaffectée, l’église est vendue en qualité de bien national à un particulier et devient exploitation agricole. Depuis 1991, elle est classée monument historique et appartient maintenant à la commune d’Archigny.
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