Abbaye de Noirlac (Cher)
Arrivés de Clairvaux vers 1136 avec Robert, dont la tradition rapporte qu’il était parent de saint Bernard, les moines de la première communauté vivent précairement et ne doivent leur survie qu’à l’intervention de l’abbé de Clairvaux lui-même qui, par Suger (premier ministre du roi), attire l’attention de Louis VII : « nos frères de la Maison-Dieu manquent de pain ». Cette intervention détermine une donation décisive en 1149 par Ebbes V de Charenton de la puissante famille de Déols et seigneur du lieu.
L’abbaye au cours des XIIe et XIIIe siècles, se constitue par donations et par achats, un solide domaine foncier de 14 granges. Les terroirs d’implantation sont soigneusement choisis en fonction de la nature des sols complémentaires. Vignes, surtout urbaines, revenus agricoles diversifiés et maîtrise de l’eau et forêts sont alors les bases de la richesse de Noirlac. La richesse de l’abbaye est à son apogée vers 1250.
L’abbaye au cours des XIIe et XIIIe siècles, se constitue par donations et par achats, un solide domaine foncier de 14 granges. Les terroirs d’implantation sont soigneusement choisis en fonction de la nature des sols complémentaires. Vignes, surtout urbaines, revenus agricoles diversifiés et maîtrise de l’eau et forêts sont alors les bases de la richesse de Noirlac. La richesse de l’abbaye est à son apogée vers 1250.
Mais avec la richesse sont apparus les prémices d’une perversion
à la règle. Avec la fin du XIIe siècle apparaissent en effet les premiers
revenus indirects : dîmes, rentes en argent, produits seigneuriaux des
banalités et cette exploitation de la peine des autres ira en s’aggravant. Un
phénomène inéluctable se produit, la raréfaction puis la disparition des frères
convers, qu’il faut peu à peu remplacer par de la main d’œuvre servile. Les
grandes donations cessent à la fin du XIIIe siècle et l’accroissement du
domaine foncier de l’abbaye ne se fait plus par la suite, sauf exceptions, qu’à
titre onéreux. Les cisterciens de Noirlac sont devenus des rentiers du sol.
Avec le XIVe siècle, la vie des moines est troublée par
les turbulences des guerres locales (occupation de l’abbaye par les soudards du
capitaine anglais Robert Knolles en 1359-1360). L’époque est dangereuse et les
moines reçoivent l’autorisation de fortifier l’abbaye en 1423.
La discipline cistercienne se ressent des mœurs du siècle. L’abbaye reçoit en 1417 de Constance de Saluces, un don somptueux d’ornements pour l’église. Autres symptômes graves de cette crise morale, un moine apostat au milieu du XVe siècle et un moine meurtrier en 1476. La situation est telle, à la fin du XVe siècle, que le chapitre général de l’ordre provoque une enquête en 1506, renouvelée en 1521. C’est bien tard car vers 1530 l’abbaye de Noirlac tombe en commende. Les abbés sont désormais nommés par le roi hors de la communauté. Ils se contentent de gérer les biens de l’abbaye au mieux de leurs intérêts sans se soucier des règles de la vie monastique.
La discipline cistercienne se ressent des mœurs du siècle. L’abbaye reçoit en 1417 de Constance de Saluces, un don somptueux d’ornements pour l’église. Autres symptômes graves de cette crise morale, un moine apostat au milieu du XVe siècle et un moine meurtrier en 1476. La situation est telle, à la fin du XVe siècle, que le chapitre général de l’ordre provoque une enquête en 1506, renouvelée en 1521. C’est bien tard car vers 1530 l’abbaye de Noirlac tombe en commende. Les abbés sont désormais nommés par le roi hors de la communauté. Ils se contentent de gérer les biens de l’abbaye au mieux de leurs intérêts sans se soucier des règles de la vie monastique.
Les huguenots du duc de Deux-Ponts pillent certaines
granges en 1569 mais on ne signale aucune dégradation dans les lieux
conventuels. Les graves atteintes subies par le monastère ont pour origine le
siège mis en 1650 par les troupes royales devant la forteresse de Montrond, où
se sont réfugiés les partisans du prince de Condé. Les soldats des deux partis
ont pris et repris Noirlac, démolissant et brûlant des bâtiments.
La paix revenue, de laborieuses négociations passées avec les abbés commendataires pour le partage des biens et des revenus permettent à partir de 1715 d’envisager une restauration générale. Les travaux de gros œuvre sont terminés en 1730. Les six moines du XVIIIe siècle disposent de petits appartements confortables et mènent une existence douillette. Il est vrai que les abbés commendataires montrent l’exemple d’un comportement mondain ; en 1716, l’abbé d’Orillac, « le plus grand buveur et le plus grand danseur de la province » fait scandale au carnaval de Bourges.
La paix revenue, de laborieuses négociations passées avec les abbés commendataires pour le partage des biens et des revenus permettent à partir de 1715 d’envisager une restauration générale. Les travaux de gros œuvre sont terminés en 1730. Les six moines du XVIIIe siècle disposent de petits appartements confortables et mènent une existence douillette. Il est vrai que les abbés commendataires montrent l’exemple d’un comportement mondain ; en 1716, l’abbé d’Orillac, « le plus grand buveur et le plus grand danseur de la province » fait scandale au carnaval de Bourges.
A la Révolution l’abbaye est vendue comme bien national.
En 1822, elle est rachetée par des manufacturiers parisiens. Sans modifier le
plan-masse des bâtiments, ils les transforment en fabrique de porcelaine. A
partir de 1854, la fabrique de Noirlac est rattachée au groupe porcelainier de
Foëcy et le demeure jusqu’à la vente des bâtiments, effectuée en 1894, à l’abbé
Jules Pailler, curé de Saint-Amand. Celui-ci veut y fonder un orphelinat qui ne
prospèrera pas. Cette tentative aboutit à une première remise en état et à un
nettoyage général qui élimine les installations industrielles. L’ancienne
abbaye reprend forme.
Vendue après saisie judiciaire en 1896 à une société civile représentant la congrégation religieuse schismatique des sœurs épouses du Sacré-Cœur de Jésus Pénitent, dites communément les Voyantes de Loigny, elle demeure vacante, cette communauté n’étant pas reconnue par l’Etat. En 1910, Noirlac est acquis par le département du Cher. Les travaux se succèdent alors de 1950 jusqu’aux grandes campagnes de ces dernières années.
Vendue après saisie judiciaire en 1896 à une société civile représentant la congrégation religieuse schismatique des sœurs épouses du Sacré-Cœur de Jésus Pénitent, dites communément les Voyantes de Loigny, elle demeure vacante, cette communauté n’étant pas reconnue par l’Etat. En 1910, Noirlac est acquis par le département du Cher. Les travaux se succèdent alors de 1950 jusqu’aux grandes campagnes de ces dernières années.