Saint Martin du Canigou
(Pyrénées Orientales)
L’abbaye est fondée au début du XIe siècle par le comte Guifred II, comte de Conflent et de Cerdagne, avec la collaboration de son jeune frère Oliba, abbé de l’abbaye de Saint-Michel-de Cuixa dès 1008.
Le 10 novembre 1009, l’évêque d’Elne vient consacrer trois lieux de l’abbaye : une partie de la crypte, une partie de l’église abbatiale et une chapelle dans le clocher. À cette occasion, le comte Guifred, son épouse Guisla et tous les notables de la région offrent aux moines de l’abbaye des dons somptueux et la dotent de terres fertiles dans la plaine et de forêts en montagne. |
En 1114, le dernier comte de Cerdagne, Bernard Guillaume, donne à perpétuité l’abbaye Saint-Martin-du-Canigou à celle de Lagrasse dans l’Aude, qui impose l’un de ses moines comme abbé malgré les protestations des moines résidents. En 1159, les religieux de Saint-Martin-du-Canigou élisent comme abbé un moine de l’abbaye de Sainte-Marie-de-Ripoll. L’abbaye de Lagrasse réplique en obtenant de l’archevêque de Narbonne un décret d’interdit sur Saint-Martin-du-Canigou. Les moines du Canigou résistent, mais en 1162 ceux de Lagrasse n’hésitent pas à avoir recours à la violence : l’abbaye est mise à sac et pillée. En tant que successeur des comtes de Cerdagne, le comte de Barcelone Ramon-Béranguer IV intervient et, après lui, son fils Alphonse roi d’Aragon et d’autres notables.
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En 1163, ils obtiennent du pape Alexandre III une bulle qui rappelle que le monastère ne doit être soumis qu’au pontife romain et qui confirme toutes les possessions de l’abbaye du Canigou, alors au nombre de 45. Les moines survivants se réinstallent dans le monastère. Les deux siècles suivants marquent une période de calme et de prospérité.
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Pendant 50 ans, au XIVe siècle, l’abbaye est prise à partie par les armées du roi d’Aragon et de l’Infant de Majorque en guerre pour la conquête du pays. Les deux belligérants la suspectent de pratiquer le droit d’asile.
En 1428, un violent tremblement de terre ébranle toute la région. La toiture du clocher s’effondre. Puis, l’abbaye entre dans la voie d’une décadence irrémédiable. Elle perd peu-à-peu ses possessions. |
En 1698, l’abbé Pierre Pouderoux trouve l’abbaye dans un état lamentable. Il procède aux réparations matérielles indispensables mais la vie peu-à-peu s’éteint.
Le 4 septembre 1779, les religieux, qui ne sont plus que cinq, âgés et infirmes, demandent leur sécularisation. Celle-ci aboutit le 7 décembre 1783. L’abbaye tombe de plus en plus en ruines sous l’influence des intempéries et de la végétation. Les habitants du pays et les passants pillent les chapiteaux du cloître, leurs colonnes et leurs bases sculptées. |
Les grands travaux de restauration commencent en 1902 et se poursuivent sans relâche jusqu’en 1932, exception faite de la période 1914-1918. Le père Bernard de Chabannes, moine bénédictin de l’abbaye d’Encalcat, relève les dernières ruines de 1952 à 1982. Il est épaulé par la Fraternité de Saint-Martin-du-Canigou fondée en 1967. En 1988, Monseigneur Jean Chabbert, évêque de Perpignan-Elne, soucieux que l’abbaye ne retombe un jour à l’abandon, la confie à la communauté catholique des Béatitudes afin qu’elle y fasse perdurer la vie spirituelle et qu’elle y accueille les nombreux visiteurs tout au long de l’année. |