Abbaye de Bonport (Eure)
L’abbaye Notre-Dame de Bonport est fondée en 1189 par Richard Cœur de Lion, roi d’Angleterre et duc de Normandie. D’après la légende, au cours d’une partie de chasse, le roi poursuivant un cerf, se trouva en danger de périr dans la Seine. Il fit vœu, s’il parvenait à « bon port » sur l’autre rive, de fonder un monastère là où il aborderait. La réalité historique, elle, inscrit cette fondation dans une perspective de paix entre les royaumes de France et d’Angleterre.
L’abbaye est construite rapidement grâce aux donations de seigneurs locaux, et connaît son âge d’or dans la première moitié du XIIIe siècle. Au cours de la guerre de Cent Ans, l’abbaye, qui occupe une position stratégique en aval de Pont-de-l’Arche, est endommagée. Des donations royales de Charles VI, Louis XI et des seigneurs de Rouville permettent sa restauration au XVe siècle. A partir de 1536, l’abbaye subit le régime de la commende : les abbés, parfois des enfants, sont nommés par faveur royale. Ses abbés commendataires les plus connus sont le poète Philippe Desportes, le cardinal de Polignac et le roi Casimir de Pologne. A la fin du XVIIe siècle, il ne reste que 8 religieux et le Visiteur de Normandie, dom Dominique Georges, ne peut que constater le déclin de la vie monastique.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, des travaux d’aménagement et de restauration ont lieu, notamment dans le dortoir et la bibliothèque, ainsi que la création d’un grand escalier. A la Révolution, les six derniers moines quittent l’abbaye avant sa vente le 2 avril 1791. Bien que la loi interdise la destruction de bâtiments non payés, l’acquéreur Alexandre de La Folie s’empresse de raser l’église, le cloître et le bâtiment des convers. Depuis la fin du XIXe siècle, l’essentiel des bâtiments monastiques XIIIe siècle est sauvé et grâce à leurs actuels propriétaires, ils sont entretenus et restaurés.