CLOITRE
Cloître de l'abbaye de Fontfroide (Aude)
Si l’église est l’âme du monastère, le cloître en est le cœur : c’est l’élément générateur du plan d’ensemble puisque tous les bâtiments se groupent autour. L’espace, généralement carré, est aménagé en jardin et bordé d’une galerie couverte dont la fonction immédiate est d’être une circulation commode, allant d’une pièce à l’autre. En effet, lieu de méditation, de détente et de passage, le cloître offre aux moines déambulant en procession un dégagement ample et abrité pour accéder aux différents espaces conventuels qui s’articulent autour de lui. Lorsque l’abbaye ne dispose pas d’une bibliothèque, il devient lieu de lecture et les moines y rangent, dans une niche appelée armarium, les livres destinés à leur éducation.
Cloître de l'abbaye de Fontenay (cote d'Or)
En plus de sa fonction immédiate, le cloître se charge d’un sens supérieur : la figure fermée du carré dirige la façade des bâtiments et les regards vers un centre intérieur. Le cloître exprime donc parfaitement l’état de ses habitants qui s’écartent du monde pour se centrer spirituellement sur la présence de Dieu au milieu d’eux. La seule ouverture de cet espace libère le regard vers le ciel ; tout en gardant sa fonction utile, le lieu devient donc propre à une méditation silencieuse. Le cloître devient même parfois un cadre liturgique puisque c’est là qu’on se rassemble, juste après le repas du soir, pour écouter une lecture sainte et réciter l’office de complies. C’est là aussi que se déroule le samedi soir la cérémonie du mandatum, ou lavement des pieds, en souvenir du Christ qui s’était fait serviteur pour laver les pieds de ses apôtres. Le cloître abrite donc un lavabo : image permanente du baptême, il invite le moine qui s’y lave les mains et le visage avant son entrée au réfectoire à méditer sur la purification de son âme et de son cœur. Prolongement de l’église, le cloître fait aussi l’objet d’un soin tout particulier dans sa construction et son décor.