Abbaye Saint-Georges de Boscherville
(Seine-Maritime)
Dans la cour du cloître actuel, s’élevait un temple païen à l’origine de tous les édifices qui se sont succédés sur le site jusqu’à la formation de l’abbaye. Bâti vers la fin du 1er siècle avant JC, c’était une construction d’allure fort modeste. Le temple est fréquenté au moins jusque dans la seconde moitié su IIIe siècle après JC puis tombe en ruine.
Le site connaît une véritable résurrection au VIIe siècle par la transformation du bâtiment en chapelle chrétienne. Un cimetière l’entoure mais au XIe siècle, il cesse d’être utilisé par tout le village pour devenir un cimetière familial. Ce fait est probablement à mettre en rapport avec l’installation au hameau de Saint-Georges de la famille des Chambellans de Normandie, futurs sires de Tancarville.
C’est vraisemblablement parce que ses ancêtres reposent dans la petite chapelle Saint-Georges que Raoul fils Gérard, grand Chambellan de Normandie, précepteur du jeune duc Guillaume le Bâtard, choisit d’y installer des chanoines aux environs de l’an 1050. Ces clercs, qui ne sont pas soumis aux exigences de la vie claustrale et jouissent par conséquent d’une certaine liberté de mouvement, sont au service de la famille fondatrice. Leur rôle essentiel est de prier pour le repos de l’âme des défunts du lignage, mais ils assurent aussi auprès de leurs patrons laïques les fonctions de prêtres pour l’administration des sacrements, de confesseurs, de secrétaires, de précepteurs et éventuellement de médecins. Selon les usages propres à ce type d’établissement, les clercs résident chacun dans sa propre maison. Les chanoines de Saint Georges vivent probablement dispersés dans le village.
Le site connaît une véritable résurrection au VIIe siècle par la transformation du bâtiment en chapelle chrétienne. Un cimetière l’entoure mais au XIe siècle, il cesse d’être utilisé par tout le village pour devenir un cimetière familial. Ce fait est probablement à mettre en rapport avec l’installation au hameau de Saint-Georges de la famille des Chambellans de Normandie, futurs sires de Tancarville.
C’est vraisemblablement parce que ses ancêtres reposent dans la petite chapelle Saint-Georges que Raoul fils Gérard, grand Chambellan de Normandie, précepteur du jeune duc Guillaume le Bâtard, choisit d’y installer des chanoines aux environs de l’an 1050. Ces clercs, qui ne sont pas soumis aux exigences de la vie claustrale et jouissent par conséquent d’une certaine liberté de mouvement, sont au service de la famille fondatrice. Leur rôle essentiel est de prier pour le repos de l’âme des défunts du lignage, mais ils assurent aussi auprès de leurs patrons laïques les fonctions de prêtres pour l’administration des sacrements, de confesseurs, de secrétaires, de précepteurs et éventuellement de médecins. Selon les usages propres à ce type d’établissement, les clercs résident chacun dans sa propre maison. Les chanoines de Saint Georges vivent probablement dispersés dans le village.
Faute d’archives, une obscurité à peu près complète règne sur l’histoire de cette collégiale. On ignore jusqu’au nombre de clercs formant le collège (peut-être une dizaine). Le seul événement notable dont on a gardé la trace est la visite le 31 janvier 1080 de Guillaume le Conquérant. Assez faiblement pourvus en biens fonciers, les chanoines de Boscherville disposent de ressources en numéraires considérables. Leur train de vie finit par les rendre très impopulaires et on songe à les remplacer par des moines bénédictins.
Au début du XIIe siècle, Guillaume, fils de Raoul le Chambellan, fondateur de la collégiale, transforme la fondation paternelle en abbaye. Il fait appel à l’abbaye de Saint-Evroult-en-Ouche (Orne). Dix moines arrivent et la petite communauté est placée sous l’autorité d’un nommé Louis qui préside aux destinées de la jeune abbaye jusqu’à sa mort en 1157. La mission de ces moines est double : organiser la vie monastique et procéder à une refonte complète des bâtiments.
Au début du XIIe siècle, Guillaume, fils de Raoul le Chambellan, fondateur de la collégiale, transforme la fondation paternelle en abbaye. Il fait appel à l’abbaye de Saint-Evroult-en-Ouche (Orne). Dix moines arrivent et la petite communauté est placée sous l’autorité d’un nommé Louis qui préside aux destinées de la jeune abbaye jusqu’à sa mort en 1157. La mission de ces moines est double : organiser la vie monastique et procéder à une refonte complète des bâtiments.
Au XIIIe siècle, l’abbaye compte une vingtaine de moines. L’observance (c’est-à-dire le respect de la règle) est régulière. L’archevêque visitant l’établissement n’a à se plaindre que de l’insuffisance de la dotation de la communauté en livres liturgiques et du manque de surveillance à l’entrée de l’abbaye. Cette époque est sans doute la plus prospère de l’abbaye. Celle-ci est devenue un vaste complexe, rassemblant une multiplicité d’offices et de dépendances autour de cloître. De plus, les abbés du XIIIe et du XIVe siècles consacrent d’importants moyens à l’embellissement et à la modernisation des édifices laissés par leurs prédécesseurs.
La guerre de Cent Ans est une période noire pour Boscherville, moins en raison des faits militaires que des conséquences de l’occupation anglaise sur l’économie locale. La reconstruction qui s’opère dans tout le pays à la fin du XVe siècle permet cependant à l’abbaye de repartir sur de nouvelles bases. L’effectif des moines remonte à une vingtaine dans les années 1530. Cette prospérité est de courte durée. La nomination de Jacob Hamelin en 1536 marque l’instauration du régime de la commende. Comme partout ailleurs les conséquences sont désastreuses pour le monastère. Les abbés engagent d’importantes dépenses pour le confort de leurs rares séjours mais laissent à l’abandon les bâtiments conventuels. Les moines en oublient l’observance de la règle. Ils vivent désormais dans des chambres individuelles et ont même aménagé un jeu de paume dans l’abbaye. Les troubles des guerres de Religion aggravent encore la situation. En 1562 et 1570, les Huguenots pillent l’abbaye.
La guerre de Cent Ans est une période noire pour Boscherville, moins en raison des faits militaires que des conséquences de l’occupation anglaise sur l’économie locale. La reconstruction qui s’opère dans tout le pays à la fin du XVe siècle permet cependant à l’abbaye de repartir sur de nouvelles bases. L’effectif des moines remonte à une vingtaine dans les années 1530. Cette prospérité est de courte durée. La nomination de Jacob Hamelin en 1536 marque l’instauration du régime de la commende. Comme partout ailleurs les conséquences sont désastreuses pour le monastère. Les abbés engagent d’importantes dépenses pour le confort de leurs rares séjours mais laissent à l’abandon les bâtiments conventuels. Les moines en oublient l’observance de la règle. Ils vivent désormais dans des chambres individuelles et ont même aménagé un jeu de paume dans l’abbaye. Les troubles des guerres de Religion aggravent encore la situation. En 1562 et 1570, les Huguenots pillent l’abbaye.
L’impossibilité de faire face à la rénovation des bâtiments est sans doute une des raisons qui décident l’abbé Louis de Bassompierre à introduire la Congrégation de Saint-Maur à Saint Georges en 1659. Il faut trouver un accord pour la cohabitation des anciens et des nouveaux religieux. On dresse donc un plan établissant la répartition des édifices et des terrains entre les deux communautés.
Il ne reste que sept religieux à Saint Georges quand survient le décret du 13 avril 1790 ordonnant la suppression des communautés religieuses. Déclarés « bien national », les anciens bâtiments conventuels avec les corps et jardins sont vendus le 6 août 1791 à Jacques François Le Barbier. L’église est sauvée l’année suivante en devenant église paroissiale. En 1818, les anciens bâtiments conventuels deviennent une filature. Sauvée de la destruction grâce à son rachat par le département de la Seine Inférieure en 1822, l’édifice est parvenu intact pour ses dispositions essentielles.
Il ne reste que sept religieux à Saint Georges quand survient le décret du 13 avril 1790 ordonnant la suppression des communautés religieuses. Déclarés « bien national », les anciens bâtiments conventuels avec les corps et jardins sont vendus le 6 août 1791 à Jacques François Le Barbier. L’église est sauvée l’année suivante en devenant église paroissiale. En 1818, les anciens bâtiments conventuels deviennent une filature. Sauvée de la destruction grâce à son rachat par le département de la Seine Inférieure en 1822, l’édifice est parvenu intact pour ses dispositions essentielles.